•  

     

    Fleurs arrosées
    Par les rosées
    Du mois de mai,
    Que je vous aime !
    Vous que parsème
    L'air embaumé !

    Par vos guirlandes,
    Les champs, les landes
    Sont diaprés :
    La marguerite
    Modeste habite
    Au bord des prés.

    Le bluet jette
    Sa frêle aigrette
    Dans la moisson ;
    Et sur les roches
    Pendent les cloches
    Du liseron.

    Le chèvrefeuille
    Mêle sa feuille
    Au blanc jasmin,
    Et l'églantine
    Plie et s'incline
    Sur le chemin.

    Coupe d'opale,
    Sur l'eau s'étale
    Le nénufar ;
    La nonpareille
    Offre à l'abeille
    Son doux nectar.

    Sur la verveine
    Le noir phalène
    Vient reposer ;
    La sensitive
    Se meurt, craintive,
    Sous un baiser.

    De la pervenche
    La fleur se penche
    Sur le cyprès ;
    L'onde qui glisse
    Voit le narcisse
    Fleurir tout près.

    Fleurs virginales,
    A vos rivales,
    Roses et lis,
    Je vous préfère,
    Quand je vais faire
    Dans les taillis
    Une couronne
    Dont j'environne
    Mes blonds cheveux,
    Ou que je donne
    A la Madone
    Avec mes vœux.

    Louise Colet.

    (1810-1876)

     

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  •  

    Chaque bougie a comme une âme
    Qui vit, palpite dans la flamme...
    Il semble même quelques fois
    Qu'on entend de subtiles voix.

    C'est que chacune a son langage.
    La blanche dit : «Sois pur et sage!
    Garde propre ton vêtement,
    Garde ton coeur également!»

    La bleue exhorte avec tendresse
    Au pardon, à la gentillesse.
    La verte, emblême d'espérance
    Nous déclare : «Ayez confiance!»

    La rouge célèbre la joie.
    Elle nous dit : «Il faut qu'on voit
    Sur vos visages radieux
    Resplendire le bonheur des cieux!»

    Puis la jaune, couleur d'étoile,
    Rayonne ardent et nous dévoile
    Le secret d'un profond bonheur
    C'est d'aimer Dieu, de tout son coeur!
     

                       M. Chalière
             

     

    Poésies de Noël-Les bougies de Noël

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  •  

     

     

     

    Djeha-Hoja dit un jour à son fils, alors qu'il atteignait sa douzième année :
    - Demain, tu viendras avec moi au marché.
    Tôt le matin, ils quittèrent la maison.

    Djeha-Hoja s'installa sur le dos de l'âne, son fils marchant à côté de lui. A l'entrée de la place du marché, Djeha-Hoja et de son fils furent l'objet de railleries acerbes :
    - Regardez-moi cet homme, il n'a aucune pitié !

    Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.
     

    Djeha-Hoja dit à son fils :
    - As-tu bien entendu ?

    Demain tu viendras encore avec moi au marché !


    Le deuxième jour, Djeha-Hoja et son fils firent le contraire de la veille : le fils monta sur le dos de l'âne et Djeha-Hoja marcha à côté de lui.

    A l'entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s'écrièrent
    - Regardez cet enfant, il n'a aucune éducation, aucun respect envers ses parents.

    Il est assis tranquillement sur le dos de l'âne, alors que son père, le pauvre vieux,

    est obligé de marcher à pied !
     

    Djeha-Hoja dit à son fils :
    - As-tu bien entendu ?

    Demain tu viendras de nouveau avec moi au marché !
    Le troisième jour, Djeha-Hoja et son fils sortirent de la maison à pied

    en tirant l'âne derrière eux, et c'est ainsi qu'ils arrivèrent sur la place.

    Les hommes se moquèrent d'eux :
    - Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n'en profitent même pas.

    Ils marchent à pied sans savoir que l'âne est fait pour porter des hommes.
     

    Djeha-Hoja dit à son fils :
    - As-tu bien entendu ?

    Demain tu viendras avec moi au marché !
    Le quatrième jour, lorsque Djeha-Hoja et son fils quittèrent la maison,

    ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l'âne.

    A l'entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :
    - Regardez ces deux-là, ils n'ont aucune pitié pour cette pauvre bête !
     

    Djeha-Hoja dit à son fils :
    - As-tu bien entendu ?

    Demain tu viendras avec moi au marché !
    Le cinquième jour, Djeha-Hoja et son fils arrivèrent au marché portant l'âne sur leurs épaules.

    Les hommes éclatèrent de rire :
    - Regardez ces deux fous, il faut les enfermer.

    Ce sont eux qui portent l'âne au lieu de monter sur son dos.
    Et Djeha-Hoja dit à son fils ;
    - As-tu bien entendu ?

    Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer.

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  • Nous sommes faits pour aimer...
    comme les oiseaux pour chanter,
    comme les fleurs pour parfumer,
    comme les fleuves pour couler.

    Nous sommes faits pour donner...
    comme la source pour étancher,
    comme l'ombre pour rafraîchir,
    comme l'arbre pour protéger.

    Nous sommes faits pour rire...
    comme la ballerine pour danser,
    comme le clown pour pirouetter,
    comme l'enfant pour sauter.

    Nous sommes faits pour compatir...
    comme la maman pour consoler,
    comme le grand-frère pour rassurer,
    comme le voisin pour écouter.

    Nous sommes faits pour grandir...
    comme l'herbe pour verdir,
    comme le blé pour pousser,
    comme le ciel pour bleuir.

    Jules Beaulac, Des gens et des choses, L'Essentiel 1993
    http://public.ntic.qc.ca/jbeaulac/nous_sommes_faits.htm


    Nous sommes faits...


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  •  

     

     

    Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.

    Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.

     

    Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite.

    Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.

     

    Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite,

    dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.

     

    Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite,

    sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.

     

    Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite,

    sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.

     

    De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite,

    de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.

     

    Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite.

    Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé !


     Paul Fort


     

    Le bonheur


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  •  

     

    "Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,


    Ne vous laissez pas attacher,
    ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...


    On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
    alors le fleuve Amour coule tranquille,
    les jours sont heureux sous les marronniers mauves,


    Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
    alors soufflent les vents contraires,
    le bateau tangue, la voile se déchire,
    on met les canots à la mer,
    les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
    La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
    La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
    ne peut plus supporter le son de votre voix.
    Plus rien n'est négociable
    On a jeté votre valise par la fenêtre,
    Il pleut et vous remonter la rue dans votre pardessus noir,


    Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
    Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?


    Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
    Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents


    ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même


    Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
    Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,


    Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
    alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,


    Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
    et tant de temps à attendre des autres des signes,
    des baisers, de la reconnaissance


    Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,


    Tout nous serait cadeau


    Nous ne serions jamais déçus


    On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même


    Moi seul connait le chemin qui conduit au bout de mon chemin
    Chacun est dans sa vie
    et dans sa peau...
    A chacun sa texture
    son message et ses mots"

    Julos Beaucarne, Femmes et hommes

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  • Un visage d'homme, tout simplement... 

     

     

     

    C'est à vous que je parle, homme des antipodes,

     

    je parle d'homme à homme

     

    avec le peu en moi qui demeure de l'homme,

     

    avec le peu de voix qui me reste au gosier ;

     

    mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il

     

    ne pas crier vengeance...

     

    Un jour viendra, c'est sûr, de la soif apaisée,

     

    nous serons au-delà du souvenir, la mort

     

    aura parachevé les travaux de la haine,

     

    je serai un bouquet d'orties sous vos pieds ;

     

    alors, eh bien, sachez que j'avais un visage

     

    comme vous, une bouche qui priait comme vous.

     

    Quand une poussière entrait, ou bien un songe,

     

    dans l'oeil, cet oeil pleurait un peu de sel.

     

    Et quand

     

    une épine mauvaise égratignait ma peau

     

    il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre.

     

    Certes, tout comme vous j'étais cruel, j'avais

     

    soif de tendresse de puissance,

     

    d'or, de plaisir et de douleur.

     

    Tout comme vous j'étais méchant et angoissé,

     

    solide dans la paix, ivre dans la victoire

     

    et titubant, hagard, à l'heure de l'échec ...

     

    Et pourtant, non.

     

    Je n'étais pas un homme comme vous.

     

    Vous n'êtes pas nés sur les routes,

     

    personne n'a jeté à l'égout vos petits

     

    comme des chats encore sans yeux,

     

    vous n'avez pas erré de cité en cité,

     

    traqué par les polices,

     

    vous n'avez pas connu les désastres, à l'aube

     

    les wagons à bestiaux,

     

    et le sanglot amer de l'humiliation,

     

    accusé d'un délit que vous n'avez pas fait,

     

    du crime d'exister,

     

    changeant de nom et de visage

     

    pour ne pas emporter un nom qu'on a hué,

     

    un visage qui avait servi à tout le monde

     

    de crachoir !

     

    Un jour viendra sans doute, où ce poème lu

     

    se trouvera devant vos yeux.

     

    Il ne demande rien ! Oubliez-le, oubliez-le !

     

    Ce n'est qu'un cri, qu'on ne peut pas mettre dans un poème

     

    parfait : avais-je le temps de le finir ?

     

    Mais quand vous foulerez ce bouquet d'orties

     

    qui avait été moi, dans un autre siècle,

     

    en une histoire qui vous semblera périmée,

     

    souvenez-vous seulement que j'étais innocent

     

    et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,

     

    j'avais eu, moi aussi, un visage marqué

     

    par la colère, par la pitié et la joie,

     

    un visage d'homme, tout simplement.

     

     

     

    Benjamin Fondane

     

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  •  

     

    Un loup, voyant un agneau qui buvait à une rivière,

    voulut alléguer un prétexte spécieux pour le dévorer.

    C'est pourquoi, bien qu'il fût lui-même en amont,

    il l'accusa de troubler l'eau et de l'empêcher de boire.

    L'agneau répondit qu'il ne buvait que du bout des lèvres,

    et que d'ailleurs, étant à l'aval,

    il ne pouvait troubler l'eau à l'amont.

    Le loup, ayant manqué son effet, reprit :

    "Mais l'an passé tu as insulté mon père.

    - Je n'étais pas même né à cette époque", répondit l'agneau.

    Alors le loup reprit :

    "Quelle que soit ta facilité à te justifier, je ne t'en mangerai pas moins".

      

        Esope

    Cette fable montre qu'auprès des gens décidés à faire le mal

    la plus juste défense reste sans effet.

     

    Le loup et l’agneau

     

     

    Le loup et l’agneau

     

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  •  

    la fin de l'année c'est...la fin de l'école et les examens,
    des examens à l'Académie;
    hier, j'avais une répétition pour le cours de déclamation;
    arrivée plus tôt,
    j'ai pu profiter des conseils donnés aux autres élèves
    et découvrir de chouettes textes; j'ai bien aimé celui-ci:
     

     

    Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
    une pomme pose
    Face à face avec elle
    un peintre de la réalité
    essaie vainement de peindre
    la pomme telle qu'elle est
    mais
    elle ne se laisse pas faire
    la pomme
    elle a son mot à dire
    et plusieurs tours dans son sac de pomme
    la pomme
    et la voilà qui tourne
    dans une assiette réelle
    sournoisement sur elle-même
    doucement sans bouger
    et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz
    parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait
    la pomme se déguise en beau bruit déguisé
    et c'est alors
    que le peintre de la réalité
    commence à réaliser
    que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
    et
    comme le malheureux indigent
    comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
    le malheureux peintre de la réalité
    se trouve soudain alors être la triste proie
    d'une innombrable foule d'associations d'idées
    Et la pomme en tournant évoque le pommier
    le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
    l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
    le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
    le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
    et le péché originel
    et les origines de l'art
    et la Suisse avec Guillaume Tell
    et même Isaac Newton
    plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
    et le peintre étourdi perd de vue son modèle
    et s'endort
    C'est alors que Picasso
    qui passait par là comme il passe partout
    chaque jour comme chez lui
    voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi
    Quelle idée de peindre une pomme
    dit Picasso
    et Picasso mange la pomme
    et la pomme lui dit Merci
    et Picasso casse l'assiette
    et s'en va en souriant
    et le peintre arraché à ses songes
    comme une dent
    se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
    avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
    les terrifiants pépins de la réalité.

     

    Prévert

     

    chanté par Yves Montand 

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  •  

    J'ai toujours aimé Gilbert Bécaud,

    et cette chanson plus particulièrement

     

    fleurs

     

     

    .....

    On enterra son étoile
    On enterra son étoile
    Dans un grand champ
    Dans un grand champ
    Dans un grand champ de blé
    ________


    Et c'est pour ça que l'on trouve
    Et c'est pour ça que l'on trouve
    Dans ce grand champ
    Dans ce grand champ
    Dans ce grand champ, des bleuets

    La, la, la...

     

     

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